lundi 31 octobre 2011

HOMMAGE À MESSALI HADJ : Pour une réconciliation de l’Algérie avec son histoire

article paru dans Liberté, 2 juin 2010
Par : M. Agouni (*)

Il y a trente-six ans que le héros et père du nationalisme algérien, Messali Hadj, s’est éteint. Leader spirituel de la Révolution et au service de l’Algérie, il était omniprésent et a osé tenir tête avec courage et bravoure au colonialisme français en réclamant haut et fort l’indépendance des trois pays d’Afrique du Nord, “Algérie Tunisie Maroc”, en 1927, au congrès anti-impérialisme à Bruxelles, tout en dénonçant devant l’opinion internationale les méfaits, les massacres, les tortures, l’injustice et la domination féroce pratiquée par le colonialisme contre les peuples d’Afrique du Nord colonisés.
Messali Hadj, homme de foi et plein de dignité, des causes justes, qui incarnait le combat de l’Algérie, a été rappelé par le Bon Dieu Tout-Puissant le 3 juin 1974. “Que Dieu lui réserve une place dans Son Vaste Paradis.”
En ce moment, nous entendons beaucoup de voix de hautes personnalités s’élever pour réclamer l’écriture de la véritable histoire de la Révolution algérienne. Parmi elles, il y a le président de la République Abdelaziz Bouteflika qui l’a rappelé à maintes reprises et l’ancien président et colonel de la Wilaya II, Ali Kafi, qui ont demandé aux historiens d’écrire l’histoire.
Le Dr Chawki Mostefaï, ancien cadre du PPA et membre de l’exécutif provisoire au Rocher noir en 1962, que je salue respectueusement, déclara dans le journal El Watan du 13/05/2010 : “L’histoire me sera indulgente car j’ai l’intention de l’écrire, et que c’est suite aux manifestations du 1er et 8 mai 1945 du PPA et les massacres de plus de 45 000 Algériens par le colonialisme à Sétif, Guelma et Kherrata que la Révolution du 1er Novembre 1954 est arrivée. Le Dr Chawki Mostefaï a dit que c’est le congrès du PPA à Zédine qui a donné naissance à l’Organisation spéciale (OS) qui a engendré le 1er Novembre 1954. Le Dr Chawki a pensé aussi à l’unité nationale, il est allé voir l’UDMA et les Oulémas pour l’union qui lui ont posé comme conditions la mise à l’écart du PPA et la dénonciation de toute violence. Le Dr Mostefaï Chawki dit que Messali a mal interprété cette proposition, la considérant comme une manœuvre d’étouffement, ce qui lui a fait dire dans une intervention d’une extrême violence : “le Parti (PPA) c’est nous, l’Algérie, c’est nous.”
Encore une fois, Messali Hadj, objectif et résolu, a déjoué un complot et rejeté avec force les propositions de l’UDMA et des Oulémas et a défendu avec courage et dignité la ligne révolutionnaire du PPA, en réclamant l’indépendance totale de l’Algérie. Le 11 mars 1937, Messali Hadj a créé le PPA après la dissolution de l’ENA et, en compagnie de Filali Abdellah, déposa les statuts du parti à la préfecture de Paris. En revenant, il y avait plusieurs militants de l’ENA qui l’attendaient dans un café à Aubervilliers. Messali Hadj s’adressa à la foule en leur disant : “Mes chers frères, aujourd’hui, un enfant, qu’on a appelé le PPA, vient de naître. Cet enfant, nous le mettons entre les mains de Dieu et du peuple algérien pour qu’il grandisse, lutte et arrache l’indépendance de l’Algérie. Que Dieu le protège.”
Le 2 août 1936, au stade municipal d’Alger, Messali Hadj déjoua le projet de Violette Blum et celui du Congrès musulman qui prônait le rattachement de l’Algérie à la France.
En prenant la fameuse poignée de terre et en criant très fort à la foule (plus de 20 000 personnes venant de diverses régions d’ Algérie) que cette terre n’est ni à vendre ni à hypothéquer, elle a ses héritiers, et l’ENA, elle est là pour la défendre, en réclamant tout haut l’indépendance totale de l’Algérie, et le drapeau algérien vert et blanc frappé d’un croissant et d’une étoile fut hissé par les militants et Messali Hadj, sur les épaules des Algériens, fiers de lui, de son courage, de son combat. Ce qui a fait dire au président Boudiaf, interrogé par une journaliste d’où provient l’exemple de la Révolution algérienne, que la Révolution algérienne est née le 2 août 1936 au stade municipal d’Alger autour de Messali Hadj.
C’est à Ksar Chellala, capitale du nationalisme algérien et de la Révolution, que Messali Hadj reconstitue le PPA et le dote d’un nouveau comité central avec des structures spéciales et de nouvelles fédérations .
C’est à Ksar Chellala que Messali Hadj rejette le discours du gouvernement français et réclame un parlement algérien élu au suffrage universel sans distinction, ni de race ni de religion, où trouveront place sur un pied d’égalité tous les Algériens fraternellement unis et travaillant pour une Algérie libre et démocratique.
Aujourd’hui, il faut des personnalités courageuses et sincères pour faire triompher la justice et écrire les vérités historiques de la Révolution algérienne, sans la détourner et la falsifier à des fins partisanes.
Écrire la véritable histoire de la Révolution de façon objective et mettre chacun et chacune à sa place respective en écrivant toutes les vérités de la Révolution avec tous ses triomphes et ses conséquences douloureuses.
Comment a été créé l’ENA, son programme, ses revendications, son combat et son véritable leader ?
Comment a été créée la glorieuse Étoile ?
Comment ont été créés le PPA, le MTLD, l’OS, le FLN, le MNA, l’USTA, l’UGTA et dans quelles circonstances ainsi que leurs revendications ?
Comment est arrivé le 1er Novembre 1954 ?
Il faut aussi écrire les vérités historiques sur les luttes fratricides entre le FLN et le MNA. Actuellement, plusieurs voix appellent à l’écriture de la véritable histoire afin que notre jeunesse, les générations à venir prennent conscience du combat mené par leurs aînés sous diverses formes pour libérer l’Algérie, les conséquences et les erreurs commises : toute révolution a ses erreurs.
œuvrons pour une réconciliation de l’histoire. Sans Messali Hadj, il n’y aurait pas eu de Révolution et le drapeau algérien ne flotterait pas sur Alger, il faut lui restituer la place qui lui revient dans l’histoire de l’Algérie.
Reconnaître les valeureux moudjahidine ALN-MNA tombés au champ d’honneur contre le colonialisme (certains sont encore vivants) .
Reconnaître les condamnés à mort MNA, guillotinés par le colonialisme, ainsi que tous les prisonniers du MNA.
Écrire l’histoire tant que certains acteurs de la Révolution sont vivants, il faut créer une commission officielle pour prendre contact avec tous les acteurs vivants et dire la vérité sur terre avant d’arriver chez Dieu.
Porte-drapeau de la souffrance du peuple algérien, Messali Hadj et ses fidèles compagnons de lutte n’ont jamais fléchi ni courbé l’échine face au colonialisme.
Vive la réconciliation et l’unité nationale !
Vive l’Algérie, vive la véritable démocratie !
A. A.
(*)ANCIEN COMPAGNON DE MESSALI HADJ, ANCIEN MOUDJAHID 

1 commentaire:

  1. Malheureusement beaucoup de militants sont morts, non reconnus par la nation, en Anonymes et pourtant eux, leurs parents et grands parents ont combattus le colonialisme.Mais comme ils l'ont fait par nationalisme, ils n'attendaient aucun honneur ni compensation. Mais la vérité doit faire l'histoire de l’Algérie dont l'histoire fut trop longtemps biaisée par quelques menteurs.

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